Frère Jean-Damien reçoit le prix de la thèse de l’Université Catholique de Lyon

Publié le 22 mai 2024

Prix de thèse de l'université Catholique de Lyon pour frère Jean-Damien

Frère Jean-Damien (Vice-province Asie-Océanie) a soutenu sa thèse de doctorat en philosophie le 21 mai 2024, à l’université Jean Moulin Lyon 3, puis a prononcé une leçon doctorale le 22 mai à l’université catholique de Lyon en vue de la validation du doctorat canonique. Il a reçu pour sa thèse le prix de la thèse de l’Université catholique de Lyon (UCLy). Ce prix de « la thèse de l’année du Collège doctoral » distingue une des thèses sur ses disciplines, ici philosophie et théologie, après évaluation par un jury et récompense l’excellence de la valeur universitaire d’une thèse soutenue au cours de l’année académique.

« Henri de Lubac et l’humanisme athée. Pour une métaphysique dans l’histoire »

La thèse propose une interprétation approfondie du célèbre ouvrage du Cardinal de Lubac, Le drame de l’humanisme athée (1944). La question est de savoir si la critique de ce théologien envers l’athéisme moderne, représenté par Feuerbach, Comte, Marx et Nietzsche, peut être recevable et féconde pour la philosophie contemporaine.

L’analyse se découpe selon trois grands sujets connexes qui parcourent l’œuvre lubacienne :

  1. Le sens de l’idée d’un drame de l’humanisme athée qui entrevoit, à travers l’affrontement avec le christianisme, un tournant radical de la pensée occidentale, déterminé au XIXe siècle et se concrétisant au XXe siècle par l’avènement des totalitarismes athées ;
  2. Les infléchissements de la pensée chrétienne au cours du Moyen-âge, structurés autours d’une triple dérive : la mutation de l’expression corpus mysticum, l’errance du joachimisme et l’invention de la nature pure, qui conduisent finalement au renversement produisant l’humanisme athée, comme une reconstruction de l’homme chrétien dans l’immanence ;

  3. La réinvention de l’esprit et de la finalité par la prise en compte du désir de l’homme, qui constitue la réponse du p. de Lubac au besoin de refondation de la pensée philosophique à l’ère post-moderne, au lendemain de la catastrophe totalitaire. Il la présente comme un chemin de l’esprit libre vers Dieu.

Le sous-titre « Pour une métaphysique dans l’histoire » veut signifier que l’enjeu qui ressort de l’étude concerne la mise en valeurs des conditions de la métaphysique au cours de l’histoire. Ainsi, l’avènement du christianisme a provoqué un approfondissement inédit dans la connaissance de l’être ; celui de l’humanisme athée, d’une part remet en cause la source religieuse de cette avancée, mais d’autre part, en raison de son échec, manifeste le danger d’enfermer a priori l’homme dans l’immanence de sa condition mondaine. Il en résulte, en débat notamment avec la critique heideggérienne de l’ontothéologie, que l’avenir de la métaphysique doit intégrer certaines conditions qui font droit à l’apport irréversible de l’histoire. En particulier, la pensée d’Henri de Lubac suggère la possibilité d’un agnosticisme ouvert de la philosophie, favorisant l’inexigible du consentement à l’existence de Dieu contre un agnosticisme fermé qui prône l’indécidable de l’idée de Dieu.