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Reconnaissance de la sainteté de la vie d’Estelle Faguette : travail en cours

Publié le 4 juillet 2023

Estelle Faguette

Agrégée et docteur en histoire contemporaine, Sylvie Bernay est l’auteur de l’ouvrage Estelle Faguette, La voyante de Pellevoisin aux éditions du Cerf. Actuelle postulatrice de la cause de béatification d’Estelle Faguette, Sylvie Bernay répond à nos questions.

Interview

Pourriez-vous nous parler du travail en cours autour de la reconnaissance de la sainteté de la vie d’Estelle ? Qui sont les interlocuteurs ? Quels sont vos attentes et espérances ?

S. B. Estelle faguette (1843-1929) a été la messagère de la Vierge Marie lors des quinze  apparitions de 1876. La première étape avant d’ouvrir la Cause d’Estelle est de vérifier le message des apparitions. La Congrégation pour la Doctrine de la Foi demande à Mgr Beau, archevêque de Bourges et ordinaire de Pellevoisin,  de réunir une commission de théologiens de plusieurs disciplines et d’historiens pour examiner les messages. Sont-ils conformes à la Révélation ? Sont-ils pertinents pour édifier les croyants aujourd’hui ? La commission doit aussi  vérifier, avec le recul du temps, si ce message a rayonné et porté du fruit pour l’Église.
Tant que ce travail n’est pas accompli, la Cause d’Estelle n’est pas ouverte.

Comment cette reconnaissance de sainteté pourra aider à la compréhension du message de la Vierge donné à Pellevoisin en 1876 par les mots « Calme, Courage, Confiance » ?

S. B. Estelle a vécu le message qu’elle a transmis. Les mérites de la vie d’Estelle manifestent l’authenticité du message. Elle a beaucoup souffert de l’incompréhension et du mépris. Mais elle est restée calme et joyeuse, toute blottie auprès de la Sainte Vierge, qu’elle appelait sa bonne et divine Mère.
C’est un chemin de vie pour nous aussi qui voulons, comme Estelle revêtir le scapulaire et vivre en toutes circonstances de nos vies ce message résumé à travers ces trois mots de calme, de courage et de confiance.

Un nouveau scapulaire vient d’être dessiné, pouvez-vous nous parler de cette démarche ?

S. B. Porter le scapulaire du Sacré-Cœur signifie plonger dans le Cœur de Jésus, habiter dans le Cœur de Jésus. Le symbole du Cœur n’est pas forcément facile à appréhender. Nous avons besoin d’une image plus contemporaine et en même temps respectueuse de ce qu’Estelle a vu.

Le nouveau dessin s’inspire de la vision d’Estelle et des scapulaires qu’elle a elle-même brodés. Estelle voulait se désaltérer dans le Cœur de Jésus. Nous sommes conviés à vivre la même démarche qu’elle.

Scapulaire de Pellevoisin Sacré-Coeur
Scapulaire de Pellevoisin Mater Misericordiae

Le scapulaire

Un encouragement à vivre son baptême au rythme du Cœur du Christ

Dans l’éditorial de la Revue du Sanctuaire d’octobre 2022, frère Laurent, recteur, nous reparlait du scapulaire sous l’angle de sa pertinente découverte.

Fr L. Alors que j’entreprends la rédaction de l’éditorial de ce numéro, consacré au scapulaire, l’Église se prépare à la canonisation du père Charles de Foucauld (15 septembre 1858 – 1 décembre 1916). Comment ne pas remarquer que frère Charles est à la fois contemporain de sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus (2 janvier 1873 – 30 septembre 1897) et d’Estelle (12 septembre 1843 -23 août 1929) ?

Tous les trois, sans se connaître, ont traversé une même époque mouvementée, marquée à la fois par la révolution industrielle et l’avènement de la IIIe République, brillamment illustrés par Émile Zola.
Ils sont issus de milieux sociaux et culturels bien différents : grande famille aristocratique, petite bourgeoisie besogneuse de province ou modestes travailleurs déracinés.

Chacune de ces familles profondément enracinées dans la foi a été ébranlée par l’épreuve : deuils précoces, maladies, chômage, déménagements imposés par l’infortune ou la guerre.
Chacun d’eux a différemment transfiguré ses tourments, en se laissant visiter par Jésus dans son mystère pascal.
Chacun d’eux a porté le scapulaire ! Thérèse, embrassant la vie monastique, a revêtu le scapulaire du Carmel. Charles, partant en mission lointaine auprès des populations les plus abandonnées dont il avait connaissance, a revêtu son célèbre scapulaire blanc frappé de l’emblème du Sacré Cœur. Enfin, la Vierge Marie a maternellement revêtu Estelle d’un discret scapulaire en l’honneur du Cœur de son Fils, pour l’aider à mener une vie baptismale ordinaire enfouie dans le monde.

On peut contempler à travers ces trois visages d’Évangile comme trois aspects de l’amour du Cœur du Christ, dont le scapulaire est un rappel et un signe : Thérèse, recluse en clôture, exprime l’absolu de l’amour du Fils pour le Père, dans une vie réservée à une contemplation associée à l’intercession.
Charles, dans l’absolu de son dépouillement, partageant la vie des plus pauvres « aux périphéries », exprime l’amour de Jésus qui a pris la dernière place, se faisant « frère universel », pour le salut de tous.
Estelle, fidèle et cachée dans l’ordinaire d’une petite paroisse de campagne, aux prises avec les aléas de la société, témoigne comment le Cœur du Christ est la source de Vie de son Église au cœur de ce monde, qu’Il aime et pour qui Il est mort et ressuscité.

Saint François de Sales en son temps avait ouvert les voies de l’oraison à tous les baptisés chacun selon son état de vie. La Vierge Marie semble se servir d’Estelle pour rappeler que l’accomplissement de la volonté du Père avec la même ardeur que son Fils Bien Aimé sous le souffle de l’Esprit Saint, n’est pas réservé à quelques vocations d’exception, derrière les murs d’un monastère ou dans des services d’évangélisation extrêmes. Tous les baptisés, quelle que soit leur place visible dans le Corps de l’Église, derrière les grilles d’un Carmel, en mission lointaine, ou plongé dans le monde, sont irrigués du même amour, et « revêtus du Christ » pour glorifier le Père, conduits par le Paraclet.
Puissions-nous tous, quelle que soit notre vocation, unir chaque battement de notre cœur à ceux du Cœur du Seigneur Jésus, pour la gloire du Père et le salut du monde.