Mercredi 29 juin, la chaîne LCP de l’Assemblée Nationale diffusait le documentaire Mon enfant chéri qui donne la parole aux parents « qui souffrent de voir leur enfant se consumer dans la drogue ». Aux Besses, une des deux maisons de l’association Saint Jean Espérance, des hommes désireux de sortir de leurs dépendances vivent en communauté avec les Frères de Saint-Jean. Cette soirée a rassemblé devant la télévision les jeunes accueillis, un éducateur et deux frères de Saint-Jean.
Une soirée pas comme les autres
Les canapés du salon sont ré-agencés, les rideaux sont tirés et c’est toute la pièce qui se transforme à l’occasion de cette diffusion où chacun s’attend à être touché au cœur. Se reconnaître intimement dans le portrait des jeunes souffrant d’addiction, ou bien, reconnaître dans les témoignages les souffrances que leurs propres parents vivent dans les sentiments d’impuissance, de peur, de culpabilité et parfois de honte. La pénombre aidant à la pudeur, c’est dans un grand silence que la chaîne diffuse le beau documentaire salué par des applaudissements de toute la maisonnée au moment du générique de fin. Le débat qui suit est plus animé et chacun réagit spontanément, il y a des rires, quelques désaccords, et la joie de voir ou revoir à l’écran des anciens qui sont passés par la maison et qui sont sortis de leur dépendance. Et c’est tout à fait là que l’on comprend le sens du nom même de l’association Saint Jean Espérance où ils ont choisi de venir pour s’en sortir.
L’espérance
L’espérance est bien présente au cœur même de la maisonnée : un éducateur en est le premier exemple, ayant lui-même dépassé une addiction à l’alcool, il est bien placé pour comprendre et accompagner les autres. L’un des jeunes accueillis est, depuis quelques mois, réinséré lui aussi dans la société : abstinent, il travaille à quelques kilomètres de là et a choisi de rester vivre aux Besses pour le cadre sécurisant qui le soutient encore. Un troisième est fier d’annoncer lors du dîner que sa reprise d’études se profile pour la rentrée prochaine. Comment ceux qui luttent ne verraient-ils pas dans l’expérience de ces hommes la vie autonome en dehors de l’addiction vers laquelle ils cheminent ?
Les Frères de Saint-Jean qui vivent sur place au prieuré des Besses, et à qui est confié la gestion du proche sanctuaire de Pellevoisin et la paroisse, partagent avec eux le quotidien de la vie communautaire. Leurs chants à l’office raisonnent dans la chapelle plusieurs fois par jour et chaque repas commence après le bénédicité chanté par tous avec force et multiples voix. Repas, activités et travail manuel à la ferme, au jardin ou dans les bâtiments comme les tâches quotidiennes d’entretien et de cuisine rythment les semaines des pensionnaires. Des sorties ponctuent le programme : le groupe de parole Narcotiques Anonymes, la banque alimentaire, le foot ou les visites culturelles parmi d’autres invitations amicales pour un repas ou un goûter ou un coup de main à donner aux alentours. Le témoignage aussi conduit parfois une petite délégation vers une aumônerie.
Redonner du sens à sa vie
La découverte de la spiritualité fait partie de l’accompagnement des frères puisque tous les pensionnaires ont choisi en conscience de venir vivre avec des religieux dans un cadre isolé. Mais de là à vivre une vie monastique… Un jeune pense que ce n’est pas du tout l’expression appropriée, mais un autre approuve plutôt, lui rappelant les règles de vie qu’ils observent (heure du lever, téléphones et connections ultra limités, cigarettes rationnées pour ne citer que quelques règles du cadre). L’association Saint Jean Espérance décrit le troisième pilier de la vie dans l’association en ces termes : donner un sens fraternel à sa vie, garder ses sens en éveil : prendre le temps de faire silence pour retrouver les bienfaits d’une vie intérieure, goûter la vie, dans ce qu’elle a de plus simple et gratuit, découvrir ses idéaux et trouver son véritable sens en osant la confiance, combattre le vide existentiel, source d’angoisse et de dépression. Et ces ambitions ne déçoivent pas, la vie est palpable dans la fraternité qui les lient !
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Pèlerinage à Medjugorje
Au mois de mai dernier, pour la première fois, l’association Saint Jean Espérance s’est envolée vers la Bosnie-Herzégovine rassemblant à cette occasion des pensionnaires volontaires des deux maisons des Besses et de la Bretèche, laïcs et religieux. Une démarche de pèlerinage vers la Sainte Vierge qui y distribue ses grâces en abondance tout comme au tout proche sanctuaire marial de Pellevoisin. Consacré à « Marie, mère de miséricorde » c’est le lieu où la mère de Jésus déclarait en 1876 : « Je choisis les petits et les faibles pour publier ma gloire ».
