Le 13 décembre dernier, frère Jean-Pierre a brillamment soutenu sa thèse de philosophie à l’université Paris I Panthéon-Sorbonne. Il présentait un travail de 400 pages sur le thème : « L’analyse du mouvement dans les traités de philosophie de la nature et les traités métaphysiques d’Aristote », dirigé par Mme Annick Jaulin. Les mouvements sociaux, qui battaient leur plein, se sont invités jusque dans la soutenance, puisqu’un des membres du jury fut obligé d’intervenir par Skype depuis sa maison.
La soutenance fut, pour notre frère, l’occasion de voir comment de grands spécialistes d’Aristote comme M. Crubellier, D. Lefebvre et P. M. Morel regardaient son travail. Ceux-ci ont affirmé que notre aristotélicien a su aborder la question de fond sur la différence entre philosophie de la nature et métaphysique à travers la problématique originale et très actuelle de l’analyse des mouvements. L’un des examinateurs a ajouté vouloir « garder cette thèse sous le coude comme instrument de travail dans ce domaine » ! Signe de la grande qualité de cette recherche.
Notre frère, quant à lui, resta égal à lui-même, gardant un calme « grec et olympien » devant les salves de questions envoyées par le jury ! Le dialogue fut souvent technique mais, régulièrement, au détour d’une question, quelques remarques sur les conséquences de telle ou telle conclusion permettaient à l’assistance, composée d’une bonne dizaine de frères, de la famille Vanandruel, de quelques anciens élèves de frère Jean-Pierre et d’amis, dont deux brésiliens, de raccrocher et de se passionner pour le sujet. Nous souhaitons à cette thèse de trouver tous les lecteurs qu’elle mérite, et à notre frère de continuer de nous rendre Aristote limpide et actuel.
Résumé
Les traités des Métaphysiques d’Aristote contiennent des analyses du mouvement. Ce travail cherche à déterminer la raison de leur présence dans ces textes, ainsi que le point de vue propre – différent de celui des études physiques – sous lequel Aristote y étudie ce que sont les causes et les principes des mouvements naturels.
Une étude des opinions antérieures et de la construction des apories corrélatives, montre qu’Aristote situe les recherches des Métaphysiques en continuité avec celles des autres philosophes : il s’agit de concevoir ce que sont les premiers principes de toutes choses, ou de tous les étants, mieux que ne l’on fait les physiciens et les platoniciens. Or, puisqu’il reproche aux principes de ses prédécesseurs d’être incapables d’expliquer les mouvements naturels, on peut en conclure que les solutions conçues par Aristote fournissent des principes premiers aptes à rendre compte de ces mouvements.
La sagesse et la science première des Métaphysiques est donc, pensons-nous, cette recherche des premiers principes et des premières causes ; cette science est une science de la substance et elle se distingue ainsi de la science physique, en établissant que les substances sont les premiers principes de toutes choses, et cela en trois sens différents :
(1) les substances sont principes de toutes choses, puisque sans elles, il n’y a aucun autre étant, ni aucun mouvement ;
(2) la forme est substance première, principe des substances composées ; et elle est, avec la matière, un principe inengendré pour leurs générations et leurs mouvements ;
(3) il y a des substances antérieures aux substances naturelles : les moteurs ordonnés des mouvements des sphères célestes.